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Dans les coulisses – SCÉANCE MAZDA/KING SNOW - Partie 2

29 février 2020

Précepte du BTS Mazda Shoot - Partie 1

Les températures ont sensiblement baissé depuis le matin et une nouvelle couche de neige fraîche a maintenant recouverte la piste. Les nuages ont rempli le ciel, rendant les conditions « flat light » (le contraste de couleurs se transforme en une couverture blanche) devant moi. Je m’élance le long de la piste de saut, alors que mes carres transpercent la couche de neige fraîche qui se trouve sous moi. J'accélère, en prenant une ligne plus directe que celle que j'ai prise toute la matinée (pour tenir compte de la couche de neige fraîche - sachant que cela ralentit généralement un rider). J'ai du mal à voir la rampe de décollage. Avec ma perception de la profondeur entravée je ne pouvais pas dire si j'allais trop vite ou trop lentement mais quelque chose ne semblait pas normal à l'approche du saut.

Passage à la deuxième partie!

À ce moment-là, j'étais à mi-chemin du décollage sans pouvoir m'arrêter à temps avant la rampe de lancement. J'étais dans la zone ou je ne pouvais pas revenir en arrière. J'étais engagé, c’était loin d'être idéal. Une fois que ma planche a quitté le saut, cela m’a rappellé - à mes dépends - l'endroit où je devais atterrir sans avoir l'élan nécessaire pour y arriver. Les blagues précédentes de Chris sur la dureté de la jointure (le sommet de la neige où l'atterrissage rencontre le deck), « assure-toi juste de te rendre à l'atterrissage » sont maintenant une réalité imminente. Avec mes rêves d'atterrissage en douceur écrasés, je me prépare à l'impact comme une nouille - en laissant mes muscles se détendre pour que mes articulations absorbent le maximum de l'impact. J'appelle cela le « mode nouille » et si vous me demandez, je dirais qu'il s'agit d'une compétence acquise au cours de nombreuses années d'atterrissages difficiles et que le fait de connaître cette stratégie peut souvent conduire à une autre chute plus indulgente. Je tombe sur la surface plane et impitoyable sous mes pieds, les genoux qui se plient, je rebondis vers le haut pour le vol numéro 2 et je descends vers l'atterrissage. Bien que cela ait probablement ressemblé à un saut périlleux sauvage et douloureux, j'ai heureusement épargné le pire.

C'est une chose amusante de maudire la neige quand votre sport repose uniquement sur elle. Une épée à double tranchant métaphorique : vous voulez qu'il y ait suffisamment de neige avant la construction du parcours, mais trop de neige pendant la compétition entraîne souvent des vitesses plus lentes et une mauvaise visibilité lorsque vous devez performer. Il suffit de peu pour que la neige fraîche à -25 degrés (et moins) se cristallise en micro-flocons, créant ce qui ressemble à du polystyrène sous votre planche avec une résistance supplémentaire pour vous ralentir.

Les chutes sont la partie la moins amusante du snowboard mais un élément important pour progresser. C'est un marqueur de progression qui indique généralement que l'on repousse ses limites et qui peut ensuite conduire à des percées dans votre progression, comme la réalisation d'une nouvelle manœuvre pour la première fois. Moi, par contre, je n'ai pas eu de percé au niveau de ma progression. J'étais juste un homme de bureau - passant de la chaise aux airs - me permettant de revisiter ce qui me semblait être mes jours de compétition, tout en essayant seulement la même manœuvre que j'avais fait quelques heures plus tôt.

Un peu secoué mais les ligaments en place, je décide de mettre fin à ma journée afin d'économiser de l’énergie pour le tournage du lendemain. Cette descente, bien qu'elle ne se soit pas déroulée pas comme prévu, a servi de moyen ultime pour développer ma confiance avec le GoPro Grill Mount (un protège-dents avec une extension de bras pour monter une caméra GoPro à son extrémité). En toute honnêteté, j'étais réticent à utiliser le GoPro Grill Mount par mon idée préconçue de l'inconfort qu'aurait une caméra montée à quelques millimètres de ma bouche, mais cette expérience m'a suffi pour acquérir un niveau de confiance avec l'appareil.

La vitesse étant une préoccupation et une variable pouvant avoir un impact sur le taux de réussite des prises de vue pour les jours suivants, sachant que les températures allaient chuter à un niveau ciblé de -34 et plus, j'ai décidé de me rendre à Banff pour faire régler ma planche. Lorsque les températures sont descendues en dessous de -25 degrés, j'ai appris que la plupart des fers à cirer, même celui qui porte le nom d'Iron Maiden, n'atteignent pas des températures assez élevées pour faire fondre la cire adaptée à ces températures glaciales et ne permettent donc pas à la cire de s'infiltrer correctement dans la base d'une planche à neige. À l'aide d'une machine à rouleaux à haute température de la boutique de ski, cette cire froide associé à une structure sur la base devrait accélérer les choses. La structure crée des canaux ou des rainures sur la base de la planche à des angles de 45 degrés qui se chevauchent en forme de "X" le long de l'axe longitudinal de haut en bas de la planche. La conception en angle permet à l'eau et aux particules de neige de se déplacer plus rapidement à travers la planche, ce qui nécessite une fraction de la surface par rapport à la structure du manufacturier qui s'étend dans le sens de la longueur de haut en bas (parallèlement aux carres) d'une planche à neige. Un avantage supplémentaire de cette conception est qu'elle fonctionne toujours de manière universelle, que le planchiste soit en position switch ou régulière. J'étais loin de me douter - à ce moment-là - que c'était la clé et la partie intégrante du succès d'un plan qui a complètement déraillé par rapport au plan initial dans les jours qui ont suivi.

*Le lendemain matin était la première journée de tournage - les températures ont chuté jusqu'à 34 degrés et une alerte météorologique extrême a été émise par Environnement Canada pour les Rocheuses.

Le matin, nous nous réunissons avec l'équipe et discutons d'un plan pour filmer des scènes de montagnes en commençant par celles du sommet de la montagne et nous descendons le parcours comme nous le faisons. Cela signifie que nous devons faire monter les deux Mazda3 jusqu'au sommet. Après m'être préparé, un membre du personnel de Forteress m'a demandé si je pouvais conduire l'une des Mazda jusqu'au sommet de la montagne. Une voiture chaude avec des sièges chauffants, un volant chauffant et du chauffage? – Ça me semble bien. C'était une évidence sur le plan du confort, mais honnêtement, j'étais excité à l'idée de tester une voiture sur la même face de montagne que celle où j'ai skié à l'âge de 10 ans. La seule règle était de se tenir à l'écart de la piste de neige fraîchement damée (un peu plus large que la largeur d'une voiture) qui allait jusqu'au sommet, car les traces du Snowcat rendent la neige trop molle pour que le poids d'une voiture puisse la franchir et  donc qu’elle s'enlise. Il y avait bien sûr la responsabilité imminente de la santé de la voiture et du copilote/vidéaste Taylor qui s'est joint à l'opération en tant que passager : il a pensé qu'il valait mieux que je ne f*@k pas tout ça. L'excitation s'est installée lorsque j'ai sauté sur le siège du conducteur avec une colline enneigée devant moi - ça allait être amusant.


[Photo Courtesy Cam Hilts]

*Faire rouler cette machine AWD sur une piste de ski était tout simplement exaltant. La vue lorsque j’ai passé le rail de snowboard sur ma gauche alors que nous remontions la montagne en voiture a vraiment mis en perspective l'absurdité de la situation. Après avoir presque entièrement remonté la partie initiale et la plus raide de la pente, la voiture a ralenti et nous avons commencé à perdre de l'élan et on pouvait sentir les pneus commencer à s'enfoncer plus profondément alors qu'il nous restait un peu de distance à parcourir. Je pensais sincèrement que nous allions rester bloqués en essayant de maintenir le peu d'élan que nous avions. La Mazda3 n'a pas voulu abandonner et s'est frayé un chemin jusqu'au sommet. Nous avons eu un bref moment de célébration en sachant que nous n'avions pas encore eu à faire appel au snowcat pour nous tirer de là et que nous pouvions continuer notre voyage vers le sommet.


[Photo Courtesy Cam Hilts]

C'était vraiment fou de voir comment tous ceux qui ont participé à la production ont continué à travailler sans interruption, sans manquer d'éthique ou de désir de travailler, malgré les épreuves physiques et mentales qu'ils ont subies dans le froid. Les barbes ont gelé, les drones ont gelé, des pièces de la caméra se sont cassées, les moteurs des movi ont cessé de fonctionner et il fallait éviter les engelures avec précautions. De brefs moments d'expression et d'humour de la part de l'équipe ont fait monter la dopamine afin de maintenir un niveau de motivation élevé, de la même manière que nous nous sommes appuyés sur les collations (comme un bon vieux biscuit de papa) pour maintenir le taux de sucre dans le sang. 

Il y a un certain degré de jeu d'acteur qui entre dans certains plans moins intensifs en snowboard et franchement, quelque chose d'aussi simple qu'un signe de la main, un coup de poing et un sourire à la caméra n'est pas facile à faire sur demande. Lorsque d'autres facteurs comme le froid extrême s'installent pendant que vous attendez votre signal pour jouer ne contribue pas au niveau d'enthousiasme requis.

Dans un plan qui m'obligeait à saluer le passager et le cascadeur dans la Mazda3 à la fin de la descente, j'ai eu un instinct que je ne savais pas que j'avais. Après avoir été tiré derrière une motoneige, en snowboard, parallèlement à la Mazda, j'ai contrôlé la vitesse au même endroit où la voiture s'est arrêtée (comme on le voit ci-dessous). Lorsque j'ai attiré l’attention de Will sur le siège passager pour « discuter » et partager la « joie » et « l’excitation », mon réflexe a été de « rebondir », c'est-à-dire de me déplacer de haut en bas, même si je devais rester stable pendant le vidéo, car je faisais cela instinctivement et sans faute presque à chaque fois (ce doit être ma tentative afin de rester au chaud et peut-être pour susciter mon enthousiasme pour la « shot » de célébration). Je n'ai jamais été fait pour Hollywood. Mon instinct de « rebondir » à répétition sur le plateau contre la volonté du réalisateur ne m'aide pas non plus. Au revoir à ma carrière d'acteur. Courte et douce? Continuons dans cette voie.

Ce qui m'a surpris, c'est que les plans apparemment simples comme celui-ci nécessitaient souvent plus de prises que les plans plus intenses en termes de trucage, à l'exception du plan de saut (nous y reviendrons plus tard). Par exemple, la vue à vol d'oiseau du drone où je fais un rail (backside bluntside to fakie) avec la voiture Mazda qui roule à côté de moi a été réalisée sur la première prise à ma grande surprise. Alors qu'une photo de moi en train de carver sur mon snowboard, comme on le voit ci-dessous, a nécessité près de 10-12 prises pour la réussir. Il y a tellement d'éléments et de variables qui sont pris en compte dans chaque plan du point de vue de la production (angle approprié, type d'objectif, éclairage, mise au point de l'objectif... pour n'en nommer que quelques-uns) et le défi supplémentaire d'exécuter un carve du côté orteils dans une arche de trajectoire pour atterrir dans un point de destination qui avait une zone d’arrêt d'un pouce des deux côtés étant donné l'étroitesse du plan. La simplicité du truc n'était pas le problème, mais le timing, la vitesse et la précision de tout ce qui était en jeu devaient s'aligner. Quant à mes talents d'acteur - eh bien... n'allons pas dans cette direction.

Le dernier jour du tournage, je l'appellerai le « jour de la performance ». C'était le jour de tournage de la scène de saut.  Les températures sont restées les mêmes – terriblement froides - et j'ai eu des sueurs froides la veille. Je ne savais pas que j'avais la grippe, mais comme les exigences des riders pendant une compétition ne changent pas, elles ne changent pas non plus sur un plateau de tournage. Je savais que je devais « être sur la scène », peu importe comment je me sentais - cela me rappelait une fois où j'ai participé à une compétition de Demi-Lune à Ruka, en Finlande, lors d'une Coupe du monde, où le froid avait rendu la Demi-Lune extrêmement glacé - c'était effrayant et nullement attirant de rider dans l'obscurité du jour.


[Photo: Alex Chan Media]

Nous arrivons sur place à 6h30 et alors que le soleil était encore en train de se lever, je saute sur une motoneige et me dirige vers le sommet pour commencer à préparer la piste et le décollage du saut pour enlever la neige fraîche de la nuit précédente. Après avoir gratter et glissé sur la piste, le saut était prêt, les caméras tournaient, les drones volaient. C'était le moment d'y aller! J'ai démarré avec une bonne vitesse, ma planche bien entretenue maintenant un peu plus vite grâce à la nouvelle structure et après plusieurs prises sur le premier des trois angles de saut – vidéo panoramique sur le décollage du saut - nous passons à la prise plus difficile - la prise de vue en POV avec la GoPro.

Ce plan, en particulier, comportait de nombreuses variables, car la caméra GoPro (maintenue par un support buccal) devait saisir un moment précis dans le temps pour aligner la prise, la rotation - en l'air - au sommet du saut avec la Mazda dans le cadre pendant la descente de la montagne. La synchronisation entre la vitesse de la Mazda et la mienne était essentielle, de même que l'angle de la monture GoPro qui pendait de ma bouche et l'exécution de l'axe sur lequel je tournais. Avec autant de variables en jeu, combinées à ma propre bataille pour atterrir la manœuvre, j'ai fait plus de 15 prises et beaucoup d’atterrissages sur mon derrière. Je n'arrivais pas à atterrir le backside 720, ce qui était problématique car c'était la clé de la liste de tournage. Je suis maintenant sur une réserve de carburant en rassemblant le peu d'énergie qu'il me reste. Après un discours d'encouragement avec Crispin, j'ai dû laisser tomber mon entêtement afin d’atterrir le Backside 720, chaque chute me donnant moins d'énergie et plus de douleur qu'auparavant. Nous avons repensé la stratégie et avons convenu d'improviser avec un Cab 540 car cela me permettrait d'obtenir l'optique d’un atterrissage réussi dont ils auraient besoin. J'étais réticent à m'écarter du plan car cela donnerait l'impression de réaliser un truc dans son intégralité alors que ce n'est pas le cas. Historiquement, cela serait largement désapprouvé dans tous les tournages de films de snowboard pour les riders surpris à faire cela. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas beaucoup d'énergie ou de capacité physique pour résister à d'autres chutes. À ce moment-là, je boitais et ma cheville gauche commençait à enfler, mon genou et mon coccyx me faisaient mal. J'ai sauté sur la motoneige et j'ai mis de côté mon entêtement en m'engageant à sauter. J'ai effectué le Cab 540 et j'ai atterri. J'ai entendu l'excitation de l'équipe de tournage, car ce plan a été victorieux pour tous ceux qui y ont participé. Désolé que cela ait pris tant de temps!

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​[L>R: Brennan (Stunt Driver), Cam (Talent Coordinator), Patrick (TopoFilms - Executive Producer), Taylor (Production Assistant), Jordie (TopoFilms - Executive Director), Jay (Production Assistant)] // Photo: Alex Chan Media

C'était incroyable de faire partie d'une équipe qui partageait une ténacité et un désir mutuels de réaliser la vision de ce projet. Toutes les personnes impliquées ont été exposées à des températures glaciales, elles ont dû se battre mentalement et physiquement pour le désagrément que cela représentait. Personne ne s'est plaint et les esprits ambitieux ont prévalu. Ce fut une expérience épique. Avec le recul, c'était une véritable saga.


[Crispin Cannon - Art Director/King Snow] // Photo: Alex Chan Media

Merci à Crispin pour son leadership dans cette affaire. Votre capacité à recadrer la perspective a été la clé de mon succès dans cette aventure. Je tiens à remercier le personnel de King Snow, TOPO Films et Mazda Canada pour leurs efforts inlassables et leur contribution à la réalisation de ce projet.

Article By: Kyle Thomas

 

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